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Yvan Colonna : des juges à la barre

Yvan Colonna : des juges à la barre

(Francescu Maria Antona - Alta Frequenza) - Ils étaient attendus… Les juges antiterroristes ont enfin témoigné hier après-midi (mercredi) au procès d’Yvan Colonna. Il faut dire que la manière dont a été menée leur instruction a été violemment critiquée par la défense ces derniers jours. Jean-Louis Bruguière était donc le premier à témoigner. Et d’entrée, la question cruciale de savoir, si il y avait le soir du crime, deux hommes ou trois autour du préfet, a été au cœur des débats. Pour l’accusation, il y avait trois hommes, deux déjà condamnés, plus Yvan Colonna. Pour la défense, il n’y en avait que deux. Vient alors la question des reconstitutions. Deux ont été effectuées, l’une quelques jours après l’assassinat, la deuxième en 99 lorsque les membres du commando ont avoué leur participation à l'assassinat du préfet et désigné Yvan Colonna comme le tireur, avant de se rétracter. "Alors pourquoi n’a-t-on pas dans la reconstitution essayer la thèse de trois personnes ?" interroge la défense. Réponse du juge : « parce que les mis en examen ont refusé de s'y prêter une fois arrivés à Ajaccio, alors qu'ils s'y étaient engagés ». Une réponse qui ne satisfait pas la défense. « Vous validez une thèse sans la vérifier, lancent alors les avocats ". Les échanges se sont ensuite envenimés entre Jean-Louis Bruguière et Me Sollacaro, qui a lancé en forme de conclusion : "c'est compliqué de répondre aux questions, hein, monsieur le juge ? C'est plus facile de les poser ? Nous, on les pose en public, pas dans le secret d'un cabinet". Puis ce fut au tour de Laurence Le Vert de répondre aux questions. « Pourquoi ne pas vous être fondée sur les déclarations d'Alessandri sur PV pour organiser cette reconstitution ", demande Me Simeoni. " Vous avez vous-même souligné, dans votre ordonnance de renvoi, combien ces déclarations étaient précises et circonstanciées... » La magistrate s'en tient à son argument : Pierre Alessandri ne voulait pas. Point. « Mais alors, poursuit Me Simeoni, pourquoi ne pas avoir davantage présenté Alain Ferrandi et Pierre Alessandri à Marie-Ange Contart, seul témoin oculaire direct ? » Les réponses de Laurence Le Vert fluctuent : « leurs photos avaient déjà été largement diffusées, cela n'aurait servi à rien. De toute façon, le portrait-robot dressé peu après les faits ne ressemblait pas à Alessandri. » a-telle répondu. La défense poursuit ensuite : « vous n'avez pas non plus présenté Yvan Colonna au témoin... », « non, indique la magistrate, car Melle Contart nous a toujours dit qu'elle ne pourrait pas reconnaître formellement le tireur. » Les avocats ont ensuite évoqué les contradictions dans les dépositions de Didier Maranelli.