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Ajaccio : Etat de droit ou état de siège ?

(Alex Bertocchini - Alta Frequenza) - Force est restée à la loi, certes, mais la démocratie a-t-elle été gagnante ? Cette question, lancinante, va certainement trotter dans beaucoup de têtes et pour pas mal de temps. Le dispositif mis en place ce matin (mercredi) à Ajaccio pour ce fameux conseil des ministres a dépassé tout ce que l’on attendait en nombre de forces déployés et de moyens. C’est dans une ville en très grande partie gardée militairement, et le mot n’est pas usurpé, que s’est donc déroulée une manifestation d’un gouvernement qui, c’est son leitmotiv, aime la Corse. Les Ajacciens et donc beaucoup d’électeurs de Nicolas Sarkozy ont vécu une journée disons particulière, en tous cas conditionnée par ce conseil des ministres. Les manifestations a priori peu nombreuses donc peu dangereuses n’ont rassemblé que quelques centaines de personnes. Avec au bas mot dix agents des force de l’ordre pour un seul manifestant, il était peu probable que la préfecture soit prise d’assaut, le gouvernement et son président kidnappés et amenés dans le maquis. Au-delà d’une situation qui pourrait presque être risible, on gardera de cette journée le souvenir d’une occasion ratée. En effet, les syndicats avaient mis un grand espoir dans ce rendez-vous avec le président de la République. Ils ne voulaient pas, c’est vrai, obtenir entière satisfaction tout de suite et sur tout les points, mais cette journée était certainement l’occasion de nouer un lien qu’on n’aurait pu faire fructifier plus tard.