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Réquisitions du procès en appel des gîtes ruraux : trois ans de prison ferme requis contre Paul Giacobbi

(Julien Pernici - Alta Frequenza) - Le sens des affaires a remplacé l'intérêt général. C'est par cette phrase lourde de sens prononcée en tant que simple conseiller général par Paul Giacobbi en 1997 que l'avocate générale de la Cour d'Appel de Bastia, Clémence Caron, a commencé ses réquisitions dans le cadre du procès en appel de l'affaire des gîtes ruraux. Selon elle, il y a "quelque chose de pourri dans la Giacobbie", éreintant la "naïveté feinte" des prévenus, prévenus pour qui, toujours selon elle, il est plus facile d'ériger en méchants ceux qui sont morts aujourd'hui, et de "recourir à la mauvaise foi plutôt que d'assumer". Clémence Caron a ainsi souligné que le détournement de fonds publics est une vérité judiciaire, mettant en avant qu'à partir de 2007, les dossiers de gîtes ont été verrouillés et n'ont plus fait objet de contrôles dignes de ce nom. Selon elle, Marie-Laure le Mée n'a pas eu la réaction qu'elle aurait du avoir en tant qu'administrative, tandis que Jean-Hyacinthe Vinciguerra n'était pas un simple contrôleur mais un homme politique au service de Paul Giacobbi. Concernant Pierre-Marie Mancini, en constatant la facilité d'obtenir une subvention pour un gîte, celui-ci en a profité, selon l'avocate générale, pour faire financer en partie la rénovation de son domicile par les deniers publics. Pour Jacques Costa, Clémence Caron a considéré que celui-ci n'a rien fait pour arrêter la marche du système, et connaissait bel et bien une des bénéficiaires. Par la suite, c'est Thierry Gamba-Martini qu'elle a accusé de minimiser ses attributions, et notamment de ne pas avoir vu son attention attirée par les pressions subies par Jean Leccia. Jean Leccia dont l'avocate générale a dit qu'il a été tué une seconde fois, à coups de poignard dans le dos, visant particulièrement Paul Giacobbi. Paul Giacobbi qui selon elle méprise la valeur de l'argent, et en tant que président du Conseil Général, celui-ci était bien au sommet de la pyramide administrative, et a "mis volontairement en place ce système dévoyé" dans l'optique des cantonales de 2008 et des territoriales de 2010, nourrissant le clanisme. Pour elle, l'argument d'un cabinet l'ayant berné est un écran de fumée, Dominique Domarchi et Augustin "Mimi" Viola ayant oeuvré pour son succès politique aux yeux de l'avocate generale. Clémence Caron a souligné qu'en Corse plus qu'ailleurs, il existe de la violence et de l'affairisme, et que la réponse doit être à la hauteur de la trahison commise par Paul Giacobbi envers la population.

Les réquisitions :

- Marie-Laure le Mée : un an de prison avec sursis, trois ans d'interdiction d'exercer un métier dans la fonction publique.

 - Jean-Hyacinthe Vinciguerra : deux ans de prison dont un ferme, 8 000 € d'amende et cinq ans d'interdiction d'exercer un métier dans la fonction publique.

- Jacques Costa : un an d'emprisonnement avec sursis et cinq ans d'inéligibilité.

- Pierre-Marie Mancini : trois ans de prison dont un ferme, 12 000 € et cinq ans d'inéligibilité

- Thierry Gamba-Martini : deux ans d'emprisonnement avec sursis et cinq ans d'interdiction d'exercer dans la fonction publique

- Paul Giacobbi : trois ans de prison ferme, 100 000 € d'amende et cinq ans d'inéligibilité

Ecoutez la réaction de l'avocat de Paul Giacobbi, Me Alexis Gublin.