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Patriotti è Aiutu Patriotticu : Urganisà è rinfurza u sustegnu paisanu

Le collectif Patriotti et Aiutu Patriotticu ont tenu une conférence de presse ce matin.

Voici le communiqué dans son intégralité.

Quand le collectif s'est créé, l'un des facteurs importants de sa démarche était l'organisation d'un concret soutien à tout ancien prisonnier politique se reconnaissant dans sa philosophie.
Un soutien qui se justifie par les difficultés quotidiennes essuyées, qu'elles soient d'ordre social, professionnel, juridique, familial, médical et autre.
En effet, l'après - incarcération qui suppose une suite dite de réinsertion, est ici soumise à une continuité répressive tant affichée qu'insidieuse dont l'objectif recherché vise à isoler la personne ciblée, à l'affaiblir physiquement, à la déstabiliser psychologiquement.

Nous l'avions alors clairement signifié : "La répression française ne se limite pas à l'incarcération et à la déportation, elle continue son oeuvre, afin de s'assurer de notre neutralisation intellectuelle et de notre exclusion des champs sociétaux, alors que nous avons purgé nos années de prison."

Notre quotidien, outre l'absence de tout dispositif spécifique permettant de retrouver place dans notre société, se traduit par :

• un accès très restreint sur le plan professionnel où nombre d'interdits de considération juridique nous privent de nombreux métiers.
• Un encadrement limitatif de droits civiques (interdiction de vote, difficulté ouverture compte bancaire, tracasseries d'accès aux soins médicaux ect...) avec pour conséquence - trop souvent - la résignation, l'enfermement, la précarité.
• Une dispersion voire un désarroi familial et psychologique car la prison, la claustration, la solitude, ne sont pas sans conséquence sur la cellule familiale, sur un couple bati, ou sur des enfants pour lesquels on ne subvient plus aux besoins évolutifs...

Nous rappelons succinctement la politique des inscriptions - Fijait et Finiada - qui contraint nos mouvements et nos activités.
Nous rappelons la pratique des - très lourdes amendes - pour partie impossible à rembourser et qui altère gravement l'équilibre d'un budget de seuil minimum jusqu'à la transmission familiale dès lors hypothéquée.
Nous rappelons la suppression de droits civiques qui suspend durement toute participation et occupation citoyenne.
Nous touchons journalièrement du doigt les pressions, les interdits, qui font de certains d’entre nous des "sans - droits" et des "sans - voix" sur notre propre terre.
Cet état des lieux a engendré la création de notre collectif dans lequel pour l'essentiel se retrouve les différentes sensibilités du mouvement national. Forts des précédentes amnisties que nous avions alors obtenu avec une dynamique politique organisée, structurée et résolument unie, mais aussi conscients des limites et des carences de la situation politique actuelle, nous nous devions de franchir un nouveau seuil pour faire entendre notre parole.
Les récentes victoires de nature démocratique, pour importantes qu'elles soient, n'ont malheureusement pas permis à ce jour d'arracher de véritables négociations politiques dans lesquelles nous aurions pu trouver place. De même les initiatives unilatérales - définitives ou mesurées - des principales formations de résistance n'ont pas été suivies de gestes tout aussi conséquents du côté de l'État français.
Dans ce canevas, la revendication d'amnistie, à contrario des précédentes, arrachées de haute lutte, se trouve bloquée dans sa trajectoire. La justesse de cette revendication ne peut malheureusement répondre en aucune façon au quotidien que je viens de décrire.

Nous avons abordé la complexité de cette situation avec l'actuelle majorité patriotique de la Collectivité Territoriale de Corse, avec le Président de l'Exécutif et avec le Président de l'Assemblée, enfin avec tous les présidents de groupes représentés au sein de l'institution. Nous avons échangé sur toutes nos difficultés, nous avons proposé des pistes, nous avons attendu des engagements. Malgré une prise en compte et un soutien de principe, force est de constater qu'à ce jour rien de concret n'est venu répondre à nos interrogations.

Nous comprenons certes la complexité d'une gouvernance territoriale, particulièrement lorsqu'elle est soumise à l'hostilité du gouvernement français, pour autant nous ne pouvons nous satisfaire de cet état de fait. Les anicroches et tiraillements internes ont eu raison de cette préoccupation commune que nous avons soulevée. Un constat pour le moins regrettable qui doit amener l’institution concernée à reconsidérer le sujet.
Pour notre part, pour difficile qu'il soit, ce constat nous a amené à réfléchir puis mettre en place une nouvelle structure dont la vocation est de répondre dans les domaines sociaux, juridiques, professionnels, civiques, financiers, aux attentes et besoins des anciens prisonniers politiques regroupés au sein du collectif.

Cette structure d'entraide, de fraternité et de coopération, élaborée selon le cadre légal adéquat permettra d'impulser un nouveau souffle sur le terrain de la " sulidarità paisana ". Elle traduit d'emblée une volonté d'auto - organisation qui répond à l'idée philosophique d'auto - détermination telle que notre lutte l'a toujours préconisée.
Cette nouvelle structure, outre le fait qu'elle dégagera ses propres modalités de travail, suppose également le soutien et la participation du plus grand nombre. Elle fait donc appel à toutes celles et ceux qui veulent vraiment y contribuer, à toutes celles et ceux qui effectivement veulent l'appuyer et la renforcer.

Si il est vrai qu'il existe déjà d'autres associations de soutien ( Ora di u Ritornu, Aiutu Paisanu, Sulidarita, ect ...), dont, pour certaines d'entre elles, nous avons été pendant des années adhérents voire responsables, notre action ambitionne surtout un tout autre espace, trop longtemps laissé de côté et qui est donc celui de l'après - incarcération. Ce qui ne nous empêchera pas, au cas par cas et à la demande de personnes et associations intéressées, de garder à l’esprit la possibilité d'élargir notre champ d'intervention sur d'éventuels détenus politiques. Face au colonialisme français, à sa police et à sa justice d'exception, nous maintenons notre principal mot d'ordre : Forti uniti si uniti simu.
Nous continuerons à renforcer notre présence, tant sur le plan national que sur l'international, uniquement guidés par notre attachement aux fondamentaux de notre combat que sont l’anti-colonialisme, la lutte de libération nationale, et l'autodétermination.

Nous rappelons notre attachement à une véritable unité stratégique du Mouvement Patriotique.

Le temps est toujours à la lutte, à la mobilisation et à l’auto-organisation.

O corsi sentiti a chjama di l'aiutu paisanu, di l’aiutu patriotticu !
Eviva a lotta di libarazioni Naziunali !