Edmond Simeoni : retour sur le parcours d'un homme de convictions
(A redazzione d'Alta Frequenza) - Ce vendredi, la Corse a perdu un des acteurs et des témoins les plus importants de son histoire récente. En effet, Edmond Simeoni s'est éteint ce 14 décembre à Ajaccio à l'âge de quatre-vingt quatre ans. Enfant du Niolu, il devient médecin peu après ses vingt ans, avant de fonder en 1970 le point de départ de son engagement politique, l'Action Régionaliste Corse, l'ARC. Un engagement qui connaîtra un tournant historique le 21 août 1975, lors de l'occupation de la cave Depeille à Aleria. Il devient alors le visage de la lutte patriotique corse aux yeux de la France entière. Une occupation où le sang a coulé, chose qu'il regrettera publiquement quelques années plus tard, et qui conditionnera sa volonté infatigable de dialogue et de paix, au point de renoncer à ses mandats électifs en 1992 pour souligner son désaccord avec la politique du FLNC, mais aussi de participer à la fondation du collectif Ava Basta. En 1982, avec l'UPC, il intègre avec la famille nationaliste les bancs de l'Assemblée de Corse, qu'il occupera à plusieurs reprises jusqu'au milieu des années 2000. Passant le relais à son fils Gilles, il est devenu au début de la décénnie actuelle l'observateur privilégié des victoires nouvelles et de la conquête du pouvoir par le mouvement nationaliste, dans l'éventail de ses tendances, des autonomistes aux indépendantistes. Edmond Simeoni était devenu le sage de la famille nationaliste, religieusement entendu et écouté, et ayant un rôle non négligeable dans le rapprochement entre les familles du nationalisme parfois dramatiquement opposées dans les années 1990. Unanimement respecté en Corse et même au delà, y compris par ses adversaires politiques les plus farouches, Edmond Simeoni entre aujourd'hui dans l'Histoire de la Corse avec un grand H, en tant que figure symbolique et tutélaire d'un idéal politique et humain.
Ecoutez Edmond Simeoni, au soir de la victoire de Pè a Corsica le 13 décembre 2015