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Territoriales 2021 : Les nationalistes en position de force avant le second tour, Laurent Marcangeli isolé

Le premier tour des élections territoriales s’est donc déroulé ce dimanche en Corse et le moins que l’on puisse dire c’est que les nationalistes continuent de gagner du terrain puisque les quatre listes conduites par Gilles Simeoni, Jean-Christophe Angelini, Paul-Félix Benedetti et Jean-Guy Talamoni terminent dans les cinq premiers.

Sans surprise, Gilles Simeoni et Femu a Corsica ont réalisé le meilleur score sur ce premier tour de scrutin avec 29,19% des voix récoltées.

La porte est désormais ouverte à des discussions avec toutes les composantes du nationalisme corse. Y compris Core in Fronte, après l'embrassade entre Gilles Simeoni et Paul-Félix Benedetti à la mairie du marché de Bastia ?

Les réponses de Gilles Simeoni.

Mais nous pouvons souligner également le bon score réalisé par Jean-Christophe Angelini, tête de liste Avanzemu. Avec 13,22% des voix, le maire de Portivechju, qui a par ailleurs réalisé le plein de voix dans sa commune, est le troisième homme de cette élection avec près de 18 000 voix.

Qu’en sera-t-il pour le second tour ? Quelles discussions s’engageront et avec qui ? Sur quelles bases ? Autant de questions qui devraient trouver leur réponse dans les 48h00.

Les précisions de Jean-Christophe Angelini.

Chez les indépendantistes, Core in Fronte réalise une très belle élection, avec 8,39% des suffrages. Paul-Félix Benedetti parvient donc à franchir la barre des 7% qualificatifs pour le second tour, et ce contrairement au scrutin de 2017. Il s’agit d’un beau résultat pour Core in Fronte qui parvient donc à capitaliser 11 300 voix, confirmant ainsi son encrage dans le paysage politique insulaire.

Surtout, Core in Fronte devient le premier parti indépendantiste de Corse, avec un score qui le positionne comme un mouvement qui va compter au second, et même au troisième tour.

C'est en tous cas l'ambition de Paul-Félix Benedetti. On l'écoute.

En revanche, la liste Fà Nazione de Jean-Guy Talamoni et Corsica Libera échoue de quelques dizaines de voix, avec 6,90% des suffrages recueillis. Il s’agit d’une déception. Corsica Libera n’est donc pas en mesure de se maintenir au second tour. En revanche, pesant près de 9 300 suffrages, Jean-Guy Talamoni reste un allié potentiel de poids dans l’optique du second tour. Les négociations de ce jour pourraient sans doute éclaircir la situation. Mais ce qui est sûr, c’est que sans une alliance, Corsica Libera ne pourra pas siéger dans la prochaine Assemblée de Corse.

Concernant une éventuelle fusion, Jean-Guy Talamoni se dit prêt a étudier, avec les militants et colistiers, les propositions qui émaneraient d'autres listes.

On écoute Jean-Guy Talamoni.

Les listes nationalistes totalisent donc 57,7% des suffrages dans ce premier tour, soit 77 580 voix, confirmant que leurs idées continuent de progresser au sein de la société corse. Mieux que cela, les indépendantistes recueillent à eux seuls 15,29% des voix.

Face aux nationalistes, seul Laurent Marcangeli parvient à tirer son épingle du jeu. Avec 24,86% des voix et 33 400 suffrages, le leader de la droite corse réalise une élection correcte, sans plus. Surtout, il n’est pas parvenu à se hisser en tête comme il l’espérait, distancé de presque 6 000 voix par Gilles Simeoni. Le maire d’Aiacciu capitalise sur sa liste les résultats cumulés obtenus par Valérie Bozzi et Jean-Martin Mondoloni en 2017, ni plus ni moins. Certes, les résultats obtenus dans le sud, comme sur les territoires de la CAPA, Grussetu Prugna et même Prupià sont importants, mais Laurent Marcangeli n’a pas réussi à faire progresser la droite en Haute-Corse. Ce dernier a totalisé 20,52% des voix dans le nord, là où Gilles Simeoni en recueillait 34,60%, soit 10 000 suffrages de plus environ.

Surtout, Laurent Marcangeli se voit isolé avant ce second tour, son seul allié potentiel, Jean-Charles Orsucci, ayant réalisé un score plutôt faible avec 5,92% des suffrages.

Écoutez Laurent Marcangeli.

Jean-Charles Orsucci a sans doute pâti de l’étiquette de La République en Marche, le parti du président de la République, qui en Corse connaît un rejet assez important, comme en témoignent ces nouveaux résultats électoraux. Si le maire de Bunifaziu ne peut pas se maintenir au second tour, il peut en revanche fusionner.

Une fusion, qui pour l’heure, n’est pas à l’ordre du jour.

« Pour qu’il y ait une fusion il faut qu’il y ait une proposition » a dit Jean-Charles Orsucci « et pour l’instant il n’y en a pas » a-t-il ajouté, laissant même entendre que sa liste n’en « cherchait pas forcément d’ailleurs ».

On écoute Jean-Charles Orsucci.

Toutes les autres listes n’ont pas franchi la barre des 5% et sont donc éliminées, sans possibilité de fusionner au second tour. L’échec le plus cuisant est sans doute celui de François Filoni, qui avec seulement 4% des suffrages se trouve bien loin des scores réalisés par les candidats du Rassemblement national sur le continent. Ce dernier a d’ores et déjà annoncé la couleur, en appelant à voter blanc au second tour.

Autre déception, celle de la liste Ecologia Sulidaria d’Agnès Simonpietri, annoncée à 8% dans le sondage de Via Stella, et ayant totalisé seulement 3,75% des suffrages, soit la moitié.

Enfin, l’électorat de la gauche et du Parti communiste continue de s’effriter voire de se désagréger au fil des scrutins en Corse, puisque la liste Campà megliu in Corsica de Michel Stefani ne recueille que 3,18% des voix. Quant à la liste de Jean-Antoine Giacomi, avec 0,59% de bulletins favorables et moins de 800 voix, elle termine dernière de ce premier tour et est donc bien entendu elle aussi éliminée.