Situation de l'eau en Haute-Corse : la sécheresse oblige douze communes à se faire livrer de l'eau par citerne
De l’eau brute, et dans les cas les plus extrêmes de l’eau potable qui arrive par citerne faute de ressource naturelle disponible : une situation digne d’un pays en voie de développement, mais qui est en ce moment le quotidien de douze villages de Haute-Corse.
Il s’agit de l’une des réalités évoquée ce mercredi lors d’une réunion de crise autour de la sécheresse qui frappe le département, hormis la Balagne, préservée du phénomène. Cette situation ne devrait pas s’arranger avant octobre, les prévisions météo écartant toutes précipitations significatives au moins dans les quinze prochains jours.
Depuis juin, des restrictions d’usage sont en vigueur. Hélas, sur le millier de contrôles effectué, des verbalisations ont été dressées, aussi bien auprès de particuliers que d’agriculteurs et d’entreprises, qui chacun, à un niveau plus ou moins grand, n’ont pas joué le jeu.
Pallier à l’urgence du moment fait partie des priorités de la préfecture de Haute-Corse, tout comme les travaux pour éviter cela dans le futur. Si la préfecture se dit très bienveillante concernant le traitement de dossiers d’aide aux travaux sur les réseaux dans les villages notamment, la réalité montre que certains dossiers auraient tendance à prendre la poussière.
Côté préfecture, on affirme que parfois, le problème vient de l’Agence de l’Eau, tout en pointant le nombre encore insuffisant de dossiers présentés.
On écoute le préfet de Haute-Corse, Michel Prosic.
Parmi les communes les plus touchées par la sécheresse, Talasani est aux abois. Le village de Talasani consomme au quotidien quatre fois plus d’eau que ce dont elle dispose naturellement.
Une situation inextricable qui a incité la commune à prendre deux mesures radicales : couper l’eau 20h sur 24, avec des robinets ouverts seulement deux heures le matin et deux heures le soir, et se faire livrer de l’eau brute, et même parfois potable, en citerne. Le SIS de Haute-Corse joue le jeu pour l’eau brute, tandis que des sociétés privées interviennent pour l’eau potable. Talasani distribue aussi des packs d’eau à ses administrés.
La faute, selon son maire Francis Marcantei, à la sécheresse, mais aussi à un réseau d’eau qui relève plus du rafistolage que de travaux menés dans les règles de l’art.
Il reconnaît aisément qu’il y a plusieurs décennies de retard à rattraper en termes de travaux, tout en pointant du doigt la préfecture, qui disposerait depuis deux ans d’un dossier que la préfecture n’aurait pas encore traité.
On écoute Francis Marcantei.