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Sept militants nationalistes historiques lancent un appel aux élus nationalistes : Ni soutien inconditionnel, ni caution, ni blanc-seing

Dans un communiqué de presse parvenu à notre rédaction, sept militants nationalistes historiques lancent un appel aux leaders politiques nationalistes élus, dans une lettre ouverte.

Voici le communiqué dans son intégralité.

Chjama à i Capizzoni pulitichi naziunalisti eletti

Appel aux leaders politiques nationalistes élus 

Ni soutien inconditionnel, ni caution, ni blanc-seing

 

Depuis les années 70, nous avons été, avec d’autres, de toutes les luttes, de tous les combats, sur tous les terrains pour défendre le peuple corse et revendiquer la reconnaissance de ses droits collectifs sur sa terre et de son droit à la maîtrise de son destin..

Durant près de cinquante ans, habités et portés par nos fondamentaux, nos seules convictions et notre foi, - et non par une recherche quelconque de mandats, de postes ou d’honneurs-, nous avons œuvré pour la  juste cause du peuple corse.

Nous avons connu la répression, les barbouzes, le harcèlement judiciaire et policier, la prison, (près de 3000 ans cumulés..), le maquis, les assignations à résidence, les exils, les provocations, les pressions, les menaces de toutes sortes… Nous avons vu beaucoup des nôtres disparaître tragiquement, de tous les bords. Nous avons souffert dans notre chair et dans notre âme, au vu des attaques et des agressions subies par la Corse et les Corses… Nos familles, nos pères, nos mères, nos enfants, nos amis ont subi les conséquences de notre engagement.

Beaucoup des nôtres ont laissé la vie, ont tout sacrifié, se sont sacrifiés, ont délaissé ou perdu leur travail… 

Nous nous sommes égarés sur des chemins perdus, victimes de nos errements, de nos erreurs, de nos fautes.. D’autres sont encore, hélas, toujours en prison, d’autres toujours recherchés… et une vingtaine d’autres  condamnés à des parties civiles à des sommes allant du million d’euros voire à plus d’un million sept cent mille euros, et leurs maisons placées sous hypothèque conservatoire...

Nous avons vécu des temps difficiles, connu le doute, le découragement, la lassitude, le désenchantement… traversé de dures périodes d’affrontements, de tensions et de drames… Mais nous nous n’avons jamais perdu espoir, et n’avons jamais un seul instant cherché refuge dans l’abandon et le reniement, car notre engagement a toujours été porté par le sens du devoir, la défense du bien public, de l’intérêt commun et la nécessité de sauver ce peuple pour lui donner les moyens d’être reconnu dans ses droits, de s’émanciper et de s’épanouir chez lui dans la liberté et la dignité de tous.

“Tamanta strada”, credo répété à l’envi par certains élus de la CdC, nous, nous l’avons faite cette route, nous y étions sur cette route avec vos pères et vos oncles, avec vos parents, proches ou lointains, ce qui n’est le cas que pour très peu d’entre vous.

Nous avons applaudi, dans la joie et l’allégresse, à votre victoire, à notre victoire en 2015, puis en 2017. L’émotion nous a submergés et nous nous sommes laissé porter par l‘espoir de voir enfin, après tant d’années, un début de concrétisation de nos rêves, de notre rêve commun à toutes et à tous...

Nous vous avons épaulés, soutenus du mieux possible, conscients de l’immensité de votre tâche et des difficultés qui vous attendaient avec les embûches et obstacles que l’Etat et les revanchards de tous bords multipliaient sous vos pas pour vous empêcher d’avancer, surtout notamment avec la disparition de leurs sphères de pouvoirs liées aux Conseil Généraux..

Le pouvoir que nous avons contribué à vous donner avec le peuple, en vous plaçant aux commandes des institutions actuelles de l’île représentait une  mission que vous deviez accomplir au service de la sauvegarde de la Corse et de son peuple, et ne signifiait nullement la fin du chemin et des luttes vers l’émancipation. Avec près de 57% des suffrages vous aviez une force politique incontestable face à l’Etat et aux oppositions à nos idées pour imposer le dialogue.. et de véritables négociations sur des évolutions nécessaires dans tous les domaines vers une une réelle autonomie politique, - dotée d’un pouvoir législatif spécifique, dévolu à notre île-, qu’il nous faut tous ensemble arracher, pour, enfin, rejetant la sujétion, l’assistanat et le clientélisme, commencer à construire une Corse économiquement viable et tournée vers l’avenir, la  modernité et le progrès social pour tous durant votre mandature à venir...

Et puis le temps a passé, et au fil des mois et des années, nous n’avons rien senti venir ou avancer, nous n’avons rien vu, ou pas grand chose, changer, et nous avons commencé à nous interroger, à nous demander si nous ne nous étions pas tous laissé bercer d’illusions et endormir.

Nous  avons alors commencé à douter des succès et des résultats dont vous vous glorifiez, de votre action et de vos engagements, du pourquoi de vos échecs,  que vous imputiez toujours in fine à la politique de l’Etat, sans songer un seul instant à vous remettre en question quant à votre politique et à vos pratiques.

Nous ne vous avions pas élus que pour “une meilleure gestion”, mais pour des  évolutions et des changements en profondeur, pour porter et exprimer toujours avec force, détermination et conviction, chaque  jour, dans toutes vos décisions et vos prises de position, - de la plus insignifiante à la la plus importante-, la continuité et la réaffirmation permanente de l’axe essentiel et de la philosophie de votre rôle d’élus du peuple corse :  La défense prioritaire des Corses en toute chose et la reconnaissance de nos droits individuels et collectifs, de notre droit à la maîtrise de notre destin.

Et puis sidérés, le temps passant,  nous sommes allés de déception en déception, de désillusions en désillusions quand nous avons vu et nous voyons ce qu’est devenue notre Corse, déjà si malmenée avant,  depuis 2015...

Les dangers courus et les attaques subies par la Corse et les Corses, que nous dénoncions et combattions avant 2015, non seulement n’ont pas été contrecarrés, mais elles se sont amplifiés et nos ennemis, nos adversaires de toujours, les opposants à nos idées, avec lesquels vous avez cru innocemment pouvoir composer, ont peu à peu repris du poil de la bête, assurés qu’ils sont du soutien des autorités et de l’administration françaises dans l’île.

Les forces de l’argent, relayées par les affairistes de toutes sortes, y compris locaux, et les intérêts mafieux, quant à elles, ont poursuivi, et amplifié depuis, leur destruction de notre Corse et de notre âme, comme si rien ne s’était passé dans cette île durant plusieurs décennies, comme si le peuple ne vous avait pas élus pour vous opposer à elles.

Et aujourd’hui, vous vous représentez en ordre dispersé aux suffrages, votre alliance n’est plus celle de 2015 et 2017 ! Serait-ce une preuve de plus que vos intérêts partisans ont pris le dessus sur les intérêts collectifs et supérieurs de la Corse ?

Qu’avez-vous fait du Ghjuramentu de 2015, quand, renouant avec les "Cunsulte" historiques paolistes, vous avez prêté serment, de “servir l’intérêt collectif du peuple corse” ? (« Giustificazione », 1758).

Nous le disons clairement, non seulement nous ne serons pas, ou plus, vos soutiens inconditionnels, mais nous ne voulons pas, ou plus, en aucun cas, vous servir de caution face à l’histoire, lorsque vous invoquez votre continuité du nationalisme des dernières décennies.. Et nous ne vous donnerons pas un blanc- seing d’office pour ces élections.

Gilles Simeoni, Jean-Christophe Angelini,

Nous savons que vous vous retrouverez majoritairement ensemble au second tour.

Nous savons aussi que le retour des revanchards et de la réaction aux responsabilités à la CdC constituerait assurément un retour en arrière, ce que nous ne souhaitons pas, en aucune façon.

Mais pour autant, nous tenons à vous le dire :

La politique que vous avez suivie depuis 2015, n’est pas la nôtre et votre bilan, qui ne peut évidemment qu’être meilleur par rapport à celui plus que nocif et négatif de vos prédécesseurs, ne nous suffit pas.

Nous vous interrogeons et vous interrogeons publiquement :

- Quid des dossiers serpents de mer liés aux déchets, aux Transports ?

- Quid d’une politique économique, découlant d’un projet de société dont la défense de notre identité, de notre culture, de notre langue, de ses traditions, pour plus de justice sociale et d’équité constituerait l’axe, le pivot central, soutendant tout projet quel qu’il soit, surtout face à la minorisation des Corses sur leur propre sol ?

- Quid  de l’alternative au tout-tourisme et au tout libéralisme, les Corses n’en récoltant que les miettes et subissant les nuisances et les inconvénients  ?

- Quid de la Spéculation immobilière.. et foncière, confinant l’île à n’être qu’une simple zone résidentielle ? La flambée des prix au m2, plus de 200000 euros pour 1000 m2,  ne permet pas à nos enfants et à la majorité des Corses, d’acheter un terrain pour construire leur maison..

- Quid du sort des sites sanctuarisés, à Scandula, Bonifaziu, Porti Vechju, a Balagna.. et d’autres..

- Quid de la dépendance liée aux importations, renforcée par la grande distribution et le Consortium corso-breton,  au détriment des filières  (bois, pierre, eau, énergie.. entre-autres) et des productions locales ?

- Quid de la défense de l’intérieur et du monde rural, - et notamment de l’agriculture sylvo-pastorale qui a fait notre richesse et l’instauration de circuits courts qui peuvent le faire aujourd’hui -,  face à l’expansion de l’urbanisation et des zones littorales vouées au tout-tourisme et à la spéculation ?

- Quid de la défense, de la protection et du développement de notre patrimoine naturel, de notre environnement, de nos forêts, de nos rivages et de nos côtes ?

- Quid des cumuls de fonctions et de mandats, une pratique devenue pire qu’avec les vieux clans disparus, du pouvoir d’achat, du coût de la vie, du logement et de l’emploi pour les Corses ?  

- Quid d’une concertation régulière avec le monde associatif et les syndicats et socio-professionnels, au-delà du monde politique et institutionnel ? 40 ans de luttes, de combats, de maillage de terrain avec les associations, les Collectifs, les syndicats, les Comités territoriaux... et puis plus rien, "sbandati!"

- Quid de la condamnation et de la dénonciation du poids de la délinquance sous toutes ses formes au sein de notre société ?

- Quid de la transparence et du contrôle des subventions et aides publiques dans tous les domaines, vous qui parliez d’une “maison de cristal” ?

Qu’allez-vous, qu’allons-nous, - au-delà du progrès, de la modernité, et de certaines nécessaires évolutions qui ne sont pas propres à notre île-, laisser en héritage aux futures générations..

Nous réaffirmons quant à nous que la nation corse existe et était reconnue par les puissances de la Méditerranée, - bien avant que la nation française ne soit constituée par les armes et la domination-.. et que son aspiration à l’émancipation est son droit légitime...

 

Nous vous demandons donc une réponse publique à nos questionnements et nos inquiétudes.. pour éclairer le peuple et nous éclairer sur vos intentions, votre feuille de route, vos propositions et vos ambitions.

Nous verrons alors en fonction de vos réponses, quelle sera notre position par rapport à cette prochaine échéance territoriale..

 

Pà una Corsica corsa           Avvia u populu corsu                Avvia  a nazioni !

 

NB : Nous demandons aux femmes et les hommes de Corse qui souscrivent à cette interpellation et qui veulent la soutenir, de la signer, la divulguer, la partager et la reprendre en compte en fonction de leurs possibilités et de leurs moyens d’information..

Jo Peraldi : Détenu politique

Ghjuvan' Battista Rotilj Forcioli : Aleria 75, Détenu politique

Pierrot Susini : Blessé à Aleria 75

Jean-Pierre Susini : Aleria 75, Recherché

Nanou Battestini : Recherché, Détenu politique

Louis Sarocchi : Aleria 75, Détenu politique

Pierre Poggioli : Aleria 75, Recherché, ancien élu CdC